Le bateleur de chimères

Depuis la nuit des temps, l’imagination humaine enfante des chimères afin d’en peupler l’inconnu.
Après avoir passé trente années de sa vie à en traquer les ombres dans ses enquêtes ethnographiques sur les traditions et les superstitions populaires, Claude Seignolle en fera le matériau de ses romans et nouvelles. “Le Bateleur de chimères” est une invitation à la découverte de l’univers étrange et mystérieux de Claude Seignolle.
Réalisé après une série d’entretiens avec l’écrivain en 1997, cet ouvrage évoque tout à la fois son enfance, ses passions et son oeuvre, autant de thèmes déclinés au fil de ces figures symboliques que sont les 22 arcanes majeurs du tarot, un clin d’oeil implicite à ce sorcier des lettres.

Extraits

Inventer, raconter des histoires, est plus qu’une passion pour Claude Seignolle. C’est un mode de “penser”, et ce, depuis l’enfance, dans ce Périgord natal où il fouillait le sol à la recherche de quelque objet préhistorique, trace de l’Histoire, mais aussi d’une histoire qu’il recomposait à sa façon.

Depuis toujours, l’auteur ne peut s’empêcher d’affabuler. Pape des sornettes, il parsème le quotidien de merveilleux.

Non sans un brin de malice, il me met en garde : “Méfiez-vous, je suis un menteur !”. Puis il ajoute : “Mais n’est-ce pas là le minimum que l’on peut attendre d’un conteur ? Lorsqu’on est écrivain, lorsqu’on est “romanceur”, on est par essence menteur puisque l’on prend une feuille de papier pour concrétiser une idée que l’on doit habiller d’une histoire. Alors, on ment les aventures de quelqu’un, même si l’on choisit de parler à la première personne. S’il n’y avait pas mensonge, un auteur de roman policier serait un sacré type qui mériterait la peine de mort. En partant de ce principe, je suis donc menteur. En étant menteur, je peux inventer ce que vous voulez, à la demande.

Tous les gens qui approchent Claude Seignolle tombent un jour ou l’autre sous les fourches caudines de ses “mensonges”, comme il les appelle :
“Aujourd’hui mes elfes scribants ne travaillent plus pour moi. Je me dois donc de prendre leur relais verbal et de raconter des sornettes. Le fait d’avoir cessé de remplir des rames et des rames de papier n’empêche pas mon imagination de gamberger et ma bouche de raconter. Parfois, il faut une bonne heure pour que se dégage, par ondes successives, la chaleur qui est en moi. Au début, les histoires que je raconte peuvent sembler hachées ou confuses ; c’est le flot bavard du trop dire qu’il me faut endiguer et je sens mes interlocuteurs distraits. Mais, peu à peu, je m’aperçois que leurs yeux s’ouvrent, que je les ai atteints. Je leur ai donné à fumer mon hachisch et ils en subissent l’effet. Ils me disent m’avoir tout d’abord écouté par politesse, puis me demandent de bien vouloir raconter de nouveau mon histoire et je la raconte, mieux.”

Quelques extraits de presse

« Plutôt que de lui donner l’aspect docte d’une étude universitaire, Marie-Charlotte Delmas a choisi de présenter Claude Seignolle sous une forme plus accordée à la personnalité hors normes de son sujet. C’est donc en tirant les arcanes du tarot qu’elle explore, lame après lame, toutes les facettes de Claude Seignolle… et qu’elle entreprend de rendre justice à celui que Raymond Ray surnommait « l’aventurier de l’insolite » (Le Monde, littératures, 3 avril 1998)

« Très attendue, cette première grande biographie par Marie-Charlotte Delmas qui s’impose comme la spécialiste de l’auteur » (Le Berry républicain, 18 février 1998)

« Quelle intelligente originalité, quel puissant sésame que la technique inédite de M. C. Delmas pour composer cette présentation de l’oeuvre de Claude Seignolle, fondée sur une étrange et subtile alchimie ! C’est en clin d’oeil à un sorcier des lettres que l’auteur de cette brillante monographie a choisi d’exposer sa production littéraire à partir des images symboliques que sont les arcanes majeurs du tarot… Ce que nous nous plairons à retenir, c’est la façon brillante dont, sous la forme d’un jeu cérébral de la plus haute qualité, elle a su présenter l’inclassable Claude Seignolle. » (Revue des Arts et Lettres de la Corrèze, 1999)