11 décembre : les animaux de la crèche
Les animaux de la ferme, que l’on retrouve dans la crèche, font l’objet d’un traitement particulier dans les campagnes. Il est courant de nettoyer les étables la veille de Noël et de faire participer les bêtes au « réveillon » en leur apportant à manger et à boire avant ou après la messe de minuit, selon les localités. Cet usage, déjà évoqué par l’abbé Thiers, au xviie siècle, est censé leur permettre de bien se porter toute l’année. En Franche-Comté, la veille de Noël, il faut ôter le fumier des étables pour que les bêtes n’aient pas mal aux pattes dans l’année.
Selon une croyance très répandue, on raconte que les bestiaux s’agenouillent pendant la messe de minuit pour adorer l’Enfant-Dieu. Les curieux qui seraient tentés d’observer ce miracle s’exposeraient à subir un grand malheur (Eure-et-Loir, Lomagne), une bastonnade (Bretagne, Normandie), à devenir muet (Franche-Comté), voire à mourir avant la fin de l’année (Bas-Armagnac). Dans le Gers, ce sont les bœufs eux-mêmes qui ne tarderaient pas à périr.
Les animaux de l’étable acquièrent le pouvoir de la parole durant la nuit de Noël et s’entretiennent entre eux des bons ou des mauvais traitements qu’on leur fait subir tout au long de l’année. De nombreux récits collectés au xixe siècle, avec de légères variantes, racontent que les propriétaires indiscrets qui écoutent leur dialogue (souvent celui des bœufs) peuvent apprendre de très mauvaises nouvelles. Un soir de Noël, un cultivateur des Vosges eut la curiosité de se faufiler dans un coin de son étable pour écouter parler les bêtes. Soudain, il entendit un bœuf demander à l’un de ses camarades : “Que ferons-nous demain ? — Nous porterons notre maître en terre, répondit celui-ci.” Et la sinistre prédiction ne tarda pas à se réaliser. Le cultivateur mourut dans la nuit et fut enterré le lendemain. Un paysan de la Creuse ayant écouté la conversation que tenaient ses bœufs apprit lui aussi sa mort prochaine. De fureur, il prit une hache pour les tuer, mais par maladresse, il se tua lui-même et ses bœufs furent attelés pour le porter au cimetière.