Le kamishibai se différencie de l’album aussi bien par sa forme que par le lien qui s’établit entre la personne qui assure la représentation et les enfants. Le mode de représentation du kamishibai implique que l’œuvre ait été conçue à cette seule fin. C’est pourquoi un album illustré dont on découperait les pages ne peut en aucun cas être confondu avec un kamishibai.
Pour que le kyokan soit effectif, il convient de particulièrement soigner la représentation de kamishibai. Il est tout d’abord nécessaire de bien connaître les œuvres que l’on choisit. Pour cela, il convient de les lire plusieurs fois et de répéter leur interprétation autant que nécessaire. Il est également très important de les apprécier car le lecteur doit partager avec son public le plaisir, l’émotion et la “jouissance du monde”. Par ailleurs, la séance de kamishibai doit se dérouler dans le cadre d’un rituel très précis.
Le butai sépare l’espace du kamishibai du reste de la pièce et permet aux planches de rester stables. Son format est standard et adapté à celui des planches.
Il doit comporter trois battants aux lignes bien définies qui vont mettre en valeur le glissement des planches vers l’extérieur. Il doit être placé légèrement plus haut que le niveau des yeux des enfants. Il existe au Japon des supports pour poser les butai. Ce sont des sortes de petites tables hautes qu’il convient de recouvrir d’un drap noir afin que rien ne vienne perturber l’enfant qui peut ainsi se concentrer sur l’image. C’est pour la même raison que le mur, derrière le butai, doit être absolument nu et que le conteur doit éviter de porter une tenue trop voyante.
Afin de promouvoir la diffusion et la pratique du kamishibai en France, le conseil d’IKAJA a sélectionné et traduit en français des pièces puisées dans l’important fonds des éditions Doshin-Sha. Le choix s’opère en fonction de la qualité de l’œuvre, mais aussi en fonction de sa compréhension par un public d’enfants européens. Ce travail est loin d’être simple. Le nombre réduit de planches, les importantes ellipses, impliquent une vraie connivence entre l’enfant, les personnages et l’histoire. Or, beaucoup de contes et d’histoires japonaises présentent des personnages — renard, sorcière, singe… — dont le caractère et la fonction symbolique sont éloignés de ceux de l’Occident. Lorsque je me suis rendue chez les éditions Doshinsha à Tokyo, afin de choisir de nouveaux kamishibai susceptibles d’être traduits en français, j’ai dû rejeter pas mal d’histoires intéressantes, mais qui auraient nécessité une explication préalable pour être comprises et appréciées des petits français.
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